En juin 2015, mon beau-frère Bruno fut victime d’un accident de moto le laissant paraplégique. La famille se trouve alors confronté aux différentes difficultés liés à ce genre d’évènements. Il faut faire face à ce nouvel état, pouvoir accompagner la victime, l’épauler, lui rappeler que nous sommes là pour lui, mais tout cela est difficile car il ne suffit pas de se contenter uniquement de faire tout cela, il faut également avoir les idées assez claires afin de pouvoir analyser cette situation sur le plan administratif mais aussi juridique. Dans ces cas là, la famille n’est pas de meilleur conseil, puisqu’elle est ébranlée et n’a pas la force pour se battre.
C’est à ce moment là, qu’il faut se rapprocher des bonnes personnes… Nous avions la chance inouïe d’avoir une amie exceptionnelle Maud, qui à l’époque, travaillait dans le milieu des assurances. Elle a pris le dossier à bras le corps afin que nous, la famille, puissions nous contenter d’être là et soutenir notre beau-frère et notre sœur, leurs enfants à traverser cette épreuve, pendant qu’elle, ayant les idées plus claires, les connaissances, la force, s’est battue afin de défendre leurs intérêts, les diriger dans leurs démarches, les conseiller, nous permettant à nous la famille de ne pas avoir à nous soucier de tout ce côté administratif et juridique. Cette étape de notre vie a suscité chez elle, l’envie et la force de se battre et de représenter d’autres familles victimes.
Quelques années plus tard, en janvier 2017, notre maman a été hospitalisée afin de subir une intervention chirurgicale, une arthrodèse lombaire, elle s’est fait opérer à la Clinique de l’Europe à Port-Marly (78). L’opération s’est bien déroulée, elle a ensuite été dirigée dans un centre de rééducation.
Quelques semaines plus tard, un liquide malodorant et purulent est sorti de sa plaie, après analyses de sang, nous avons sû qu’elle avait une infection.
Elle fut dirigée de nouveau vers la Clinique de Port Marly où, les résultats de ses analyses sont tombées, elle avait contracté deux germes infectieux, Staphylocoque Aureus et Streptocoque de groupe G.
Elle a été soigné pour ces deux infections du 21 février 2017 jusqu’au 30 mars 2017, date à laquelle, elle nous a quittée.
Malgré de nombreuses visites auprès de son chirurgien afin de lui exprimer notre inquiétude face à l’état de notre mère qui se dégradait de jour en jour, celui-ci nous indiqué à chaque fois, que nos inquiétudes n’avaient pas lieu d’être et que l’état de notre mère n’était ni critique, ni préoccupant… Qu’il fallait que l’on arrête de se faire des films, qu’elle avait des réserves…
Donc, le 20 février elle rentre à nouveau à Port-Marly, passe au bloc le 21 février afin de nettoyer sa plaie dans le dos, le 23 février, elle commence à ressentir une douleur très vive à son genou droit, porteur d’une prothèse depuis 1997, le genou a doublé de volume. Le chirurgien nous indique alors qu’il s’agit probablement d’un syndrome inflammatoire… Nous lui signalons chaque jour, à quel point ses douleurs sont vives, il se décide donc enfin, après plusieurs plaintes de notre part, à faire une ponction au niveau du genou et les résultats tombent à nouveau. Le germe du staphylocoque est également présent au genou…
Notre mère va de nouveau au bloc le 1er mars afin de subir un lavage au genou.
Le 27 mars, son état nécessite d’être transféré en soins intensifs, elle a fait une grave chute de potassium, dû à une surdose de produits antalgiques (que nous ne saurons plus tard qu’à la réception de son dossier médical). Le 28 mars, elle regagne sa chambre, elle est prise déjà depuis plusieurs jours de nausées et de vomissements, dans la nuit du 28 au 29 mars, les vomissements deviennent inquiétants car ils ont des couleurs de « selles ».
Nous allons à nouveau voir le chirurgien qui nous indique lui faire pratiquer des examens complémentaires et demande l’avis de l’un de ses confrères gastro-entérologue, il nous rassure à nouveau en nous disant, qu’il n’y a toujours pas lieu de s’inquiéter et que notre mère ne va pas mourir…
Le 30 mars au petit matin, elle sera retrouvée dans un état comateux, sera transféré dans le service réanimation où elle décédera le jour même à 21h52…
Notre famille n’ayant pas été informé de son état critique et préoccupant n’a pas pû être présente au complet afin de l’accompagner dans ses dernières heures…
Nous prenons donc contact avec l’association d’Aide aux victimes par l’intermédiaire de Maud, qui après avoir écouté notre histoire, se doute dès le départ que notre mère a été victime de maladies nosocomiales, nous met ensuite en relation avec un avocat spécialisé pour les victimes d’erreurs médicales.
Nous demandons donc le dossier médical complet de notre mère à la Clinique de Port Marly mais aussi celui du centre de rééducation de Menucourt. Et c’est ainsi, que nous connaîtrons les erreurs, le laxisme, les incompétences qui ont conduit au décès de notre mère. Elle s’est éteinte des suites d’un choc septique multi viscérale.
Les erreurs et incompétences étant trop nombreuses, nous ne pouvons les résumer en quelques lignes.
Nous sollicitons par l’intermédiaire de l’association et de notre avocat, la Commission de Conciliation et d’indemnisation afin qu’une expertise soit faite et que nous puissions avoir des réponses à nos questions.
Cette expertise a eu lieu le 2 février courant, nous apprendrons dans les grandes lignes :
- Son décès est bien provoqué des suites des deux infections
- Qu’elle n’a pas reçu la douche pré-opératoire le jour de l’intervention
- Que l’anesthésiste n’a pas dosé correctement les antibiotiques de prévention face aux infections pouvant circulées dans un bloc opératoire
- Que l’infectiologue de Port-Marly n’a également pas respecté le bon dosage
- Que dans la nuit du 29 au 30 mars 2017, malgré qu’une patiente présente des vomissements inquiétants, celle-ci n’est pas transféré en soins intensifs et pire encore, elle ne reçoit aucune visite de contrôle du personnel médical de la nuit…
- Qu’on laisse sortir une patiente d’un centre hospitalier vers un établissement de réeducation, alors que celle-ci présente déjà un syndrome infectieux d’après son taux de CRP, que les analyses ne sont pas transmises à ce centre afin qu’il puisse en surveiller l’évolution
- Que le centre de rééducation, n’a pas prélevé à son admission, ce même taux de CRP
Toutes ces négligences ont menées au décès de notre mère… Si nous n’avions pas été épaulé et soutenu par l’association d’aide aux victimes représenté par Maud, nous n’aurions pas eu la force de nous battre aujourd’hui afin que les responsabilités de chacun soient reconnu et surtout afin de permettre à d’autres patients de ne pas être victime à leur tour.
La commission de conciliation et d’indemnisation doit rendre dans les semaines à venir, son compte-rendu, nous serons à nouveau convoqué afin de savoir et de connaître le degré de responsabilité de chacun des protagonistes, cela sera un combat long et douloureux, mais avec l’aide de l’association, nous irons au bout de nos démarches afin que tout ceci ne soit pas subit par d’autres familles.
Encore Merci, tout simplement d’être là et d’exister…